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Une manifestation a été dispersée lundi 21 octobre à Maputo, quasiment transformée en ville fantôme deux jours après l’assassinat de proches du principal opposant mozambicain, Venancio Mondlane, qui avait appelé à la grève générale pour dénoncer des fraudes électorales.
Des centaines de manifestants ont brièvement défilé le long d’une grande avenue, où les deux hommes ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi, avant d’être dispersés par des policiers antiémeutes lourdement armés, à l’aide de grenades lacrymogènes, a constaté l’Agence France-Presse (AFP). « Venancio », comme l’appelle la rue, en polo jaune vif et dépassant la plupart des manifestants d’une tête, a appelé chacun à rentrer chez soi avant de courir aussi se mettre à l’abri.
L’orateur charismatique a quand même eu le temps de raconter à la presse que la police avait tenté de le décourager de rejoindre la manifestation. « Ce matin, je ne pouvais pas sortir de chez moi. Il y avait des tas de gens, y compris la police. Il m’a fallu une heure pour déjouer l’escadron de la mort à ma porte », a-t-il déclaré. « Je ne vous dirai pas comment j’y suis arrivé », a-t-il ajouté avec un sourire malicieux.
Candidat à la présidentielle, adossé au parti Podemos, l’ancien animateur radio de 50 ans avait appelé à manifester pour contester les premiers résultats de l’élection donnant le Front de libération du Mozambique (Frelimo), parti au pouvoir depuis un demi-siècle, en tête des élections du 9 octobre.
Les résultats officiels sont attendus cette semaine. Interrogée lundi par l’AFP, une responsable de la commission électorale n’était pas en mesure de préciser la date de cette annonce mais, théoriquement, elle doit intervenir dans les quinze jours après le scrutin, soit mercredi au plus tard.
L’avocat de Venancio Mondlane, Elvino Dias, préparait un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour dénoncer des fraudes et des irrégularités. Sa voiture a été prise dans une embuscade dans le centre de Maputo. Deux véhicules l’ont coincée, d’où sont sortis deux hommes armés qui ont tiré une vingtaine de fois, le tuant sur le coup, ainsi qu’un responsable de Podemos, Paulo Guambe, installé lui aussi à l’avant du véhicule. Des images sur les réseaux sociaux montrent leurs deux corps affalés, maculés de sang, les vitres de chaque côté brisées.
Elvino Dias, un avocat « astucieux, intrépide, avec la fibre dure d’un combattant » selon le site d’information Carta de Moçambique, s’était fait connaître en 2023 en dénonçant, déjà, des fraudes lors d’élections municipales remportées par le parti Frelimo. L’Union européenne (UE), l’Union africaine (UA) et les Nations unies ont condamné ces violences et appelé à une enquête rapide.
L’ONU a appelé « tous les Mozambicains, y compris les dirigeants politiques et leurs sympathisants, au calme et à la retenue », l’UA se disant, elle, « profondément préoccupée » par « les cas signalés de violence », et plus particulièrement par les récentes tueries. « Il est essentiel que tous les candidats bénéficient de mesures de protection rigoureuses en cette période postélectorale », juge de son côté l’UE.
Evoquant un « incident malheureux », la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a appelé les autorités à « garantir qu’une enquête soit menée » et « toutes les parties prenantes à veiller à ce que la paix et la stabilité au Mozambique continuent de prévaloir ».
Les commerces de Maputo sont restés fermés lundi et des hélicoptères survolaient la capitale d’un million d’habitants. Les grandes artères, généralement densément embouteillées, étaient désertes. Des incidents sans gravité ont été signalés dans plusieurs provinces et les villes de Beira (Centre) et Pemba (Nord), notamment, ont mené des opérations villes mortes.
En l’absence de chiffres ou d’estimations officielles, il était difficile d’évaluer l’impact de la consigne de l’opposition à rester chez soi, même si Venancio Mondlane affirme avoir réussi à « paralyser le pays à 95 % ». En 2023, après les résultats des élections municipales qui donnaient 64 des 65 villes au Frelimo, plusieurs personnes avaient été tuées « accidentellement » par la police dans des manifestations de l’opposition.
Le Monde avec AFP
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